PREMIER ACTE

Une mer qui devient orageuse; sur les côtés des rochers.
Le vestibule du temple de Diane.

SCÈNE I
Iphigénie et les prêtresses sont en prières pour que la tempête soit apaisée

Introduction et choeur


IPHIGÉNIE
Grands Dieux! soyez-nous secourables.
Détournez vos foudres vengeurs;
Tonnez sur les têtes coupables;
L'innocence habite nos coeurs.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc.

IPHIGÉNIE
Si ces bords cruels et sinistres
Sont l'objet de votre courroux,
Daignez à vos faibles ministres
Offrir des asiles plus doux.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc.

IPHIGÉNIE
Que nos mains saintement barbares
N'ensanglantent plus vos autels;
Rendez ces peuples plus avares
Du sang des malheureux mortels.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc.

la tempête a cessé

IPHIGÊNIE
Ces Dieux que notre voix implore
Apaisent enfin leur rigueur!
Le calme reparaît. Mais au fond de mon coeur,
Hélas! l'orage habite encore.

PREMIERE PRÊTRESSE
Iphigénie, ô ciel, craindrait-elle un malheur?

DEUXIÈME PRÊTRESSE
D'où naît le trouble affreux dont votre âme est saisie?

IPHIGÊNIE
Juste ciel!

PREMIÊRE PRÊTRESSE
Ah! parlez! divine Iphigénie!
Nos malheurs sont communs; loin de notre patrie,
Conduites avec vous sur ce funeste bord,
N'avons-nous pas
toujours partagé votre sort?

IPHIGÊNIE
Cette nuit j'ai revu le palais de mon père,
J'allais jouir de ses embrassements.
J'oubliais, en ces doux moments,
Des anciennes rigueurs et quinze ans de misère.
La terre tremble sous mes pas;
Le soleil indigné fuit ces lieux qu'il abhorre,
Le feu brille dans l'air, ei la foudre en éclats
Tombe sur le palais, l'embrase et le dévore!
Du milieu des débris fumants
Sort une voix plaintive et tendre:
Jusqu'au fond de mon coeur elle se fait entendre!
Je vole à ces tristes accents,
A mes yeux aussitôt se présente mon père,
Sanglant! percé de coups., et d'un spectre inhumain,
Fuyant la rage meurtrière.
Ce spectre affreux, c'était ma mère!
Elle m'arme d'un glaive et disparaît soudain,
Je veux fuir; on me crie: «arrête! c'est Oreste!"
Je vois un malheureux, et je lui tends la main,
Je veux le secourir; un ascendant funeste
Forçait mon bras à lui percer le sein!

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Ö songe affreux! nuit effroyable'.
O douleur! ô mortel effroi!
Ton courroux est-il implacable?
Entends nos cris, ô ciel! apaise-toi!

IPHIGÉNIE
Ö race de Pélops, race toujours fatale!
Jusque dans ses derniers neveux,
Le ciel poursuit encore le crime de Tantale!
Le roi des rois, le sang des Dieux,
Agamemnon descend dans la nuit infernale.
Son fils restait à ma douleur.
J'attendais de lui seul la fin de ma misère.
O mon cher Oreste, ô mon frère!
Tu ne sécheras pas les larmes de ta soeur.

DEUXIÈME PRÊTRESSE
Calmez ce désespoir où votre âme est livrée;
Les Dieux conserveront cette tête sacrée:
Osez tout espérer.

IPHIGÊNIE
Non, je n'espère plus.
Depuis que je respire, en butte a leur colère,
D'opprobre et de malheur tous mes jours sont tissus.
Ils y mettent le comble: ils m'enlèvent mon frère!

Air

Ô toi qui prolongeas mes jours,
Reprends un bien que je déteste!
Diane, je t'implore, arrêtes-en le cours!
Rejoins Iphigénie au malheureux Oreste.
Hélas, tout m'en fait une loi!
La mort me devient nécessaire,
J'ai vu s'élever contre moi
Les Dieux, ma patrie et mon père!
Ô tot qui prolongeas mes jours, etc.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Quand verrons-nous tarir nos pleurs?
La source en est-elle infinie?
Ah! dans un cercle de douleurs
Le ciel marque le cours de noire vie!


SCÈNE 2
Thoas entre avec des gardes

THOAS
à part
Dieux! le malheur en tous lieux suit mes pas.
Des cris du désespoir ces voûtes retentissent!
à Iphigenie
Prêtresse, dissipez les
terreurs de Thoas,
Interprète des Dieux, que vos voeux les fléchissent!

IPHIGENIE
A mes gémissements le ciel est sourd, hélas'.

THOAS
Ce ne sont pas des pleurs, c'est du sang qu'il demande.

IPHIGENIE
Quelle effroyable offrande!
Apaise-t-on les Dieux par des assassinats?

THOAS
Le ciel par d'éclatants miracles
A daigné s'expliquer à vous.
Mes jours sont menacés par la voix des oracles,
Si d'un seul étranger relégué parmi nous,
Le sang échappe à leur courroux!

Air

De noirs pressentiments mon âme intimidée,
De sinistres terreurs est sans cesse obsédée:
Le jour blesse mes yeux et semble s'obscurcir,
J'éprouve l'effroi des coupables!
Je crois voir sous mes pas la terre s'entrouvrir
Et l'enfer prêt à m'engloutir
Dans ses abîmes effroyables!
Je ne sais quelle voix crie au fond de mon coeur:
«Tremble, ton supplice s'apprête!»
La nuit de ces tourments redouble encore l'horreur,
Et les foudres d'un Dieu vengeur
Semblent suspendus sur ma tête!


SCÈNE 3
Les Scythes entrent en foule

CHOEUR DES SCYTHES
Les Dieux apaisent leur courroux;
Ils nous amènent des victimes;
A ces justes vengeurs de crimes
Que leur sang soit offert pour nous!

IPHIGÉNIE
à part
Malheureuse!

THOAS
Grands Dieux, recevez nos offrandes!
Moins je les espérais, plus vos faveurs sont grandes!

UN SCYTHE
Deux jeunes Grecs échoués sur ces bords
Ont longtemps, contre nous, tenté de se défendre;
Ils viennent enfin de se rendre,
Après de pénibles efforts;
L'un d'eux était rempli d'un désespoir farouche:
Les mots de crime, de remords,
Etaient sans cesse dans sa bouche,
Il détestait la vie, il appelait la mort!

CHOEUR DES SCYTHES
Les Dieux apaisent leur courroux, etc.

IPHIGENIE
Dieux! étouffez en moi le cri de la nature!
Si mon devoir est saint, hélas, qu'il est cruel!

THOAS
à Iphigénie
Allez, et les captifs vont vous suivre à l'autel.
Pour moi, qu'un trop sinistre augure
Menace du courroux des Dieux,
Ma présence pourrait nuire à vos saints mystères.

Iphigénie et les prêtresses sortent


SCÈNE 4

THOAS
au peuple
Et vous, à vos Dieux tutélaires
Adressez vos chants belliqueux!
Que vos justes
transports pénètrent jusqu'aux cieux!

CHOEUR DES SCYTHES
Il nous fallait du sang pour expier nos crimes;
Les captifs sont aux fers ei les autels sont prêts!
Les Dieux nous ont eux-mêmes amené les victimes;
Que la reconnaissance égale les bienfaits!
Sous le couteau sacré que leur sang rejaillisse!
Que leur aspect impur n'infecte plus ces lieux!
Offrons leur sang en sacrifice,
C'est un encens digne des Dieux!

BALLET


SCÈNE 5
Oresie et Pylade sont conduits, enchaînés

THOAS
Malheureux! Quel dessein à vous-mêmes contraire
Vous amenait dans mes Etats?

PYLADE
Notre projet est un mystère:
C'est le secret des Dieux. Tu ne le sauras pas!

THOAS
De ton arrogance hautaine
La mort sera le prix.Gardes, qu'on les emmène!

ORESTE
à Pylade
O mon ami, c'est moi qui cause ton trépas!

Les gardes emmènent Oreste ei Pylade


SCÈNE 6

CHOEUR DES SCYTHES
Il nous fallait du sang, etc.
PREMIER ACTE

Une mer qui devient orageuse; sur les côtés des rochers.
Le vestibule du temple de Diane.

SCÈNE I
Iphigénie et les prêtresses sont en prières pour que la tempête soit apaisée

Introduction et choeur


IPHIGÉNIE
Grands Dieux! soyez-nous secourables.
Détournez vos foudres vengeurs;
Tonnez sur les têtes coupables;
L'innocence habite nos coeurs.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc.

IPHIGÉNIE
Si ces bords cruels et sinistres
Sont l'objet de votre courroux,
Daignez à vos faibles ministres
Offrir des asiles plus doux.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc.

IPHIGÉNIE
Que nos mains saintement barbares
N'ensanglantent plus vos autels;
Rendez ces peuples plus avares
Du sang des malheureux mortels.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Grands Dieux! soyez-nous secourables, etc.

la tempête a cessé

IPHIGÊNIE
Ces Dieux que notre voix implore
Apaisent enfin leur rigueur!
Le calme reparaît. Mais au fond de mon coeur,
Hélas! l'orage habite encore.

PREMIERE PRÊTRESSE
Iphigénie, ô ciel, craindrait-elle un malheur?

DEUXIÈME PRÊTRESSE
D'où naît le trouble affreux dont votre âme est saisie?

IPHIGÊNIE
Juste ciel!

PREMIÊRE PRÊTRESSE
Ah! parlez! divine Iphigénie!
Nos malheurs sont communs; loin de notre patrie,
Conduites avec vous sur ce funeste bord,
N'avons-nous pas
toujours partagé votre sort?

IPHIGÊNIE
Cette nuit j'ai revu le palais de mon père,
J'allais jouir de ses embrassements.
J'oubliais, en ces doux moments,
Des anciennes rigueurs et quinze ans de misère.
La terre tremble sous mes pas;
Le soleil indigné fuit ces lieux qu'il abhorre,
Le feu brille dans l'air, ei la foudre en éclats
Tombe sur le palais, l'embrase et le dévore!
Du milieu des débris fumants
Sort une voix plaintive et tendre:
Jusqu'au fond de mon coeur elle se fait entendre!
Je vole à ces tristes accents,
A mes yeux aussitôt se présente mon père,
Sanglant! percé de coups., et d'un spectre inhumain,
Fuyant la rage meurtrière.
Ce spectre affreux, c'était ma mère!
Elle m'arme d'un glaive et disparaît soudain,
Je veux fuir; on me crie: «arrête! c'est Oreste!"
Je vois un malheureux, et je lui tends la main,
Je veux le secourir; un ascendant funeste
Forçait mon bras à lui percer le sein!

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Ö songe affreux! nuit effroyable'.
O douleur! ô mortel effroi!
Ton courroux est-il implacable?
Entends nos cris, ô ciel! apaise-toi!

IPHIGÉNIE
Ö race de Pélops, race toujours fatale!
Jusque dans ses derniers neveux,
Le ciel poursuit encore le crime de Tantale!
Le roi des rois, le sang des Dieux,
Agamemnon descend dans la nuit infernale.
Son fils restait à ma douleur.
J'attendais de lui seul la fin de ma misère.
O mon cher Oreste, ô mon frère!
Tu ne sécheras pas les larmes de ta soeur.

DEUXIÈME PRÊTRESSE
Calmez ce désespoir où votre âme est livrée;
Les Dieux conserveront cette tête sacrée:
Osez tout espérer.

IPHIGÊNIE
Non, je n'espère plus.
Depuis que je respire, en butte a leur colère,
D'opprobre et de malheur tous mes jours sont tissus.
Ils y mettent le comble: ils m'enlèvent mon frère!

Air

Ô toi qui prolongeas mes jours,
Reprends un bien que je déteste!
Diane, je t'implore, arrêtes-en le cours!
Rejoins Iphigénie au malheureux Oreste.
Hélas, tout m'en fait une loi!
La mort me devient nécessaire,
J'ai vu s'élever contre moi
Les Dieux, ma patrie et mon père!
Ô tot qui prolongeas mes jours, etc.

CHOEUR DES PRÊTRESSES
Quand verrons-nous tarir nos pleurs?
La source en est-elle infinie?
Ah! dans un cercle de douleurs
Le ciel marque le cours de noire vie!


SCÈNE 2
Thoas entre avec des gardes

THOAS
à part
Dieux! le malheur en tous lieux suit mes pas.
Des cris du désespoir ces voûtes retentissent!
à Iphigenie
Prêtresse, dissipez les
terreurs de Thoas,
Interprète des Dieux, que vos voeux les fléchissent!

IPHIGENIE
A mes gémissements le ciel est sourd, hélas'.

THOAS
Ce ne sont pas des pleurs, c'est du sang qu'il demande.

IPHIGENIE
Quelle effroyable offrande!
Apaise-t-on les Dieux par des assassinats?

THOAS
Le ciel par d'éclatants miracles
A daigné s'expliquer à vous.
Mes jours sont menacés par la voix des oracles,
Si d'un seul étranger relégué parmi nous,
Le sang échappe à leur courroux!

Air

De noirs pressentiments mon âme intimidée,
De sinistres terreurs est sans cesse obsédée:
Le jour blesse mes yeux et semble s'obscurcir,
J'éprouve l'effroi des coupables!
Je crois voir sous mes pas la terre s'entrouvrir
Et l'enfer prêt à m'engloutir
Dans ses abîmes effroyables!
Je ne sais quelle voix crie au fond de mon coeur:
«Tremble, ton supplice s'apprête!»
La nuit de ces tourments redouble encore l'horreur,
Et les foudres d'un Dieu vengeur
Semblent suspendus sur ma tête!


SCÈNE 3
Les Scythes entrent en foule

CHOEUR DES SCYTHES
Les Dieux apaisent leur courroux;
Ils nous amènent des victimes;
A ces justes vengeurs de crimes
Que leur sang soit offert pour nous!

IPHIGÉNIE
à part
Malheureuse!

THOAS
Grands Dieux, recevez nos offrandes!
Moins je les espérais, plus vos faveurs sont grandes!

UN SCYTHE
Deux jeunes Grecs échoués sur ces bords
Ont longtemps, contre nous, tenté de se défendre;
Ils viennent enfin de se rendre,
Après de pénibles efforts;
L'un d'eux était rempli d'un désespoir farouche:
Les mots de crime, de remords,
Etaient sans cesse dans sa bouche,
Il détestait la vie, il appelait la mort!

CHOEUR DES SCYTHES
Les Dieux apaisent leur courroux, etc.

IPHIGENIE
Dieux! étouffez en moi le cri de la nature!
Si mon devoir est saint, hélas, qu'il est cruel!

THOAS
à Iphigénie
Allez, et les captifs vont vous suivre à l'autel.
Pour moi, qu'un trop sinistre augure
Menace du courroux des Dieux,
Ma présence pourrait nuire à vos saints mystères.

Iphigénie et les prêtresses sortent


SCÈNE 4

THOAS
au peuple
Et vous, à vos Dieux tutélaires
Adressez vos chants belliqueux!
Que vos justes
transports pénètrent jusqu'aux cieux!

CHOEUR DES SCYTHES
Il nous fallait du sang pour expier nos crimes;
Les captifs sont aux fers ei les autels sont prêts!
Les Dieux nous ont eux-mêmes amené les victimes;
Que la reconnaissance égale les bienfaits!
Sous le couteau sacré que leur sang rejaillisse!
Que leur aspect impur n'infecte plus ces lieux!
Offrons leur sang en sacrifice,
C'est un encens digne des Dieux!

BALLET


SCÈNE 5
Oresie et Pylade sont conduits, enchaînés

THOAS
Malheureux! Quel dessein à vous-mêmes contraire
Vous amenait dans mes Etats?

PYLADE
Notre projet est un mystère:
C'est le secret des Dieux. Tu ne le sauras pas!

THOAS
De ton arrogance hautaine
La mort sera le prix.Gardes, qu'on les emmène!

ORESTE
à Pylade
O mon ami, c'est moi qui cause ton trépas!

Les gardes emmènent Oreste ei Pylade


SCÈNE 6

CHOEUR DES SCYTHES
Il nous fallait du sang, etc.


最終更新:2011年03月21日 10:01