No 1 - Prélude
PREMIER ACTE
No 2 - Scène et choeur
CHOEUR
Sur la place
Chacun passe,
Chacun vient, chacun va;
Drôles de gens que ces gens-là.
Drôles de gens! Drôles de gens!
MORALES
A la porte du corps de garde,
Pour tuer le temps,
On fume, on jase, l'on regarde
Passer les passants.
Sur la place, etc.
CHOEUR
Sur la place, etc.
MORALES
aux soldats
Regardez donc cette petite
Qui semble vouloir nous parler.
Voyez, voyez, elle tourne, elle hésite.
CHOEUR
À son secours il faut aller.
MORALES
à Micaëla
Que cherchez-vous, la belle?
MICAËLA
Moi! Je cherche un brigadier.
MORALES
Je suis là,
Voilà!
MICAËLA
Mon brigadier, à moi, s'appelle
Don José ... le connaissez-vous?
MORALES
Don José, nous le connaissons tous.
MICAËLA
Vraiment? Est-il avec vous, je vous prie?
MORALES
Il n'est pas brigadier dans notre compagnie.
MICAËLA
désolée
Alors il n'est pas là.
MORALES
Non, ma charmante, il n'est pas là,
Mais tout à l'heure il y sera.
Oui, tout à l'heure il y sera.
Il y sera quand la garde montante
Remplacera la garde descendante.
TOUS
Il y sera quand la garde montante
Remplacera la garde descendante.
MORALES
Mais en attendant qu'il vienne,
Voulez-vous, la belle enfant,
Voulez-vous prendre la peine
D'entrer chez nous un instant?
MICAËLA
Chez vous!
CHOEUR
Chez nous.
MICAËLA
Non pas, non pas.
Grand merci, messieurs les soldats.
MORALES
Entrez sans crainte, mignonne,
Je vous promets qu'on aura
Pour votre chère personne
Tous les égards qu'il faudra.
MICAËLA
Je n'en doute pas;
Cependant je reviendrai,
Je reviendrai, c'est plus prudent.
Reprenant en riant la phrase du sergent.
Je reviendrai quand la garde montante
Remplacera la garde descendante.
MORALES et LE CHOEUR
entourant Micaëla
Il faut rester, car la garde montante
Va remplacer la garde descendante.
MORALES
Vous resterez!
MICAËLA
cherchant à se dégager
Non pas! Non pas!
MORALES et LE CHOEUR
Vous resterez, vous resterez, vous resterez.
Oui vous resterez, vous resterez.
MICAËLA
Non pas! Non pas! Non! Non! Non! Non!
Au revoir, messieurs les soldats.
MORALES
L'oiseau s'envole,
On s'en console.
Reprenons notre passe-temps,
Et regardons passer les gens.
CHOEUR
Sur la place, etc.
No 3 - Choeur des gamins
CHOEUR DES GAMINS
Avec la garde montante
Nous arrivons, nous voilà
Sonne, trompette éclatante,
Ta ra ta ta, ta ra ta ta;
Nous marchons la tête haute
Comme de petits soldats,
Marquant sans faire de faute,
Une ... deux ... marquant le pas.
Les épaules en arrière
Et la poitrine en dehors,
Les bras de cette manière
Tombant tout le long du corps;
Avec la garde montante
Nous arrivons, nous voilà!
Sonne, trompette éclatante,
Ta ra ta ta, ta ra ta ta.
Mélodrame
MORALES
à Don José
Il y a une jolie fille qui est venue te demander.
gentiment habillée, une jupe bleue, des nattes tombant sur les épaules ...
JOSÉ
C'est Micaëla.
MORALES
Elle n'a pas dit son nom.
CHOEUR DES GAMINS
Et la garde descendante
Rentre chez elle et s'en va.
Sonne, trompette éclatante,
Ta ra ta ta, ta ta ta ta.
Nous marchons la tête haute
Comme de petits soldats,
Marquant sans faire de faute,
Une ... deux ... marquant le pas.
Ta ta ta ta, ta ta ta ta, etc.
Dialogue parlé
ZUNIGA
brigadier?
JOSÉ
se levant
Mon lieutenant.
ZUNIGA
ce bâtiment Qu'est-ce que c'est?
JOSÉ
la manufacture de tabacs …
ZUNIGA
qui travaillent là? des femmes
jeunes?
JOSÉ
oui, mon lieutenant.
ZUNIGA
Et jolies?
JOSÉ
Voici ...
No 4 - Choeur des cigarières
CHOEUR
La cloche a sonné, nous, des ouvrières
Nous venons ici guetter le retour;
Et nous vous suivrons, brunes cigarières,
En vous murmurant des propos d'amour.
CHOEUR
Voyez-les ... Regards impudents,
Mine coquette
Fumant toutes du bout des dents
La cigarette.
LES CIGARIÈRES
Dans l'air, nous suivons des yeux
La fumée,
Qui vers les cieux
Monte,
Monte parfumée.
Cela monte gentiment
À la tête;
Tout doucement
Cela vous met l'âme en fête.
Le doux parler des amants
C'est fumée;
Leurs transports et leurs serments
C'est fumée.
Oui c'est fumée,
C'est fumée.
LES JEUNES GENS
aux cigarières
Sans faire les cruelles,
Écoutez-nous, les belles
Vous que nous adorons,
Que nous idolâtrons.
LES CIGARIÈRES
Dans l'air,
Nous suivons des yeux la fumée,
La fumée.
Dans l'air, nous suivons des yeux
La fumée
Qui monte en tournant vers les cieux!
La fumée! La fumée!
CHOEUR
Mais nous ne voyons pas la Carmencita.
LES CIGARIÈRES et LES JEUNES GENS
La voilà,
La voilà,
Voilà la Carmencita.
LES JEUNES GENS
entrés avec Carmen
Carmen, sur tes pas, nous nous pressons tous;
Carmen, sois gentille, au moins réponds-nous
Et dis-nous quel jour tu nous aimeras.
Carmen, dis-nous quel jour tu nous aimeras!
CARMEN
les regardant
Quand je vous aimerai, ma foi, je ne sais pas.
Peut-être jamais, peut-être demain;
Mais pas aujourd'hui, c'est certain.
No 5 - Habanera
CARMEN
L'amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser,
Et c'est bien en vain qu'on l'appelle
S'il lui convient de refuser.
Rien n'y fait; menace ou prière,
L'un parle bien, l'autre se tait;
Et c'est l'autre que je préfère,
Il n'a rien dit, mais il me plaît.
L'amour est enfant de Bohème,
Il n'a jamais, jamais connu de loi;
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime;
Si je t'aime,
Prends garde à toi!
L'oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l'aile et s'envola
L'amour est loin, tu peux l'attendre
Tu ne l'attends plus ... il est là
Tout autour de toi, vite, vite,
Il vient, s'en va, puis il revient
Tu crois le tenir, il t'évite,
Tu crois l'éviter, il te tient.
L'amour est enfant de Bohème,
Il n'a jamais connu de loi;
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime;
Si je t'aime,
Prends garde à toi!
No 6 - Scène
LES JEUNES GENS.
Carmen, sur tes pas, nous nous pressons tous;
Carmen, sois gentille, au moins réponds-nous!
Réponds-nous! Réponds-nous!
O Carmen! Sois gentille, au moins réponds-nous!
Elle arrache de son corsage la fleur de cassie et la lance à Don José. Il se lève brusquement. La fleur de cassie est tombée à ses pieds. Eclat de rire général.
CHOEUR
L'amour est enfant de Bohème,
Il n'a jamais, jamais connu de loi,
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime!
Si je t'aime, prends garde à toi!
Dialogue parlé
MICAËLA
Monsieur le brigadier?
JOSÉ
cachant précipitamment la fleur de cassie
Micaëla!
MICAËLA
C'est votre mère qui m'envoie…
No 7 - Duo
JOSÉ
Parle-moi de ma mère!
Parle-moi de ma mère!
MICAËLA
J'apporte de sa part, fidèle messagère,
Cette lettre.
JOSÉ
regardant la lettre
Une lettre.
MICAËLA
Et puis un peu d'argent
elle lui remet une petite bourse
Pour ajouter à votre traitement,
Et puis
JOSÉ
Et puis?
MICAËLA
Et puis? ... Vraiment je n'ose,
Et puis ... encore une autre chose
Qui vaut mieux que l'argent et qui,
Pour un bon fils,
Aura sans doute plus de prix.
JOSÉ
Cette autre chose, quelle est-elle?
Parle donc.
MICAËLA
Oui, je parlerai;
Ce que l'on m'a donné,
Je vous le donnerai.
Votre mère avec moi sortait de la chapelle,
Et c'est alors qu'en m'embrassant,
Tu vas, m'a-t-elle dit, t'en aller à la ville:
La route n'est pas longue,
Une fois à Séville,
Tu chercheras mon fils,
Mon José, mon enfant
Et tu lui diras que sa mère
Songe nuit et jour à l'absent
Qu'elle regrette et qu'elle espère,
Qu'elle pardonne et qu'elle attend;
Tout cela, n'est-ce pas? mignonne,
De ma part tu le lui diras,
Et ce baiser que je te donne
De ma part tu le lui rendras.
JOSÉ
très ému
Un baiser de ma mère?
MICAËLA
Un baiser pour son fils.
JOSÉ
Un baiser de ma mère?
MICAËLA
Un baiser pour son fils!
José, je vous le rends, comme je l'ai promis.
JOSÉ
continuant de regarder Micaëla
Ma mère, je la vois
Oui je revois mon village!
O souvenirs d'autrefois,
Doux souvenirs du pays!
Doux souvenirs du pays!
O souvenirs chéris!
Vous remplissez mon coeur
De force et de courage.
O souvenirs chéris!
Ma mère je la vois, je revois mon village!
MICAËLA
Sa mère, il la revoit!
Il revoit son village!
Ô souvenirs d'autrefois!
Souvenirs du pays!
Vous remplissez son coeur
De force et de courage.
O souvenirs chéris!
Sa mère il la revoit, il revoit son village!
JOSÉ
les yeux fixés sur la manufacture
Qui sait de quel démon
J'allais être la proie!
Même de loin,
Ma mère me défend,
Et ce baiser qu'elle m'envoie,
Ce baiser qu'elle m'envoie
Ecarte le péril et sauve son enfant.
MICAËLA
Quel démon, quel péril?
Je ne comprends pas bien.
Que veut dire cela?
JOSÉ
Rien! Rien!
Parlons de toi, la messagère
Tu vas retourner au pays…
MICAËLA
Oui, ce soir même,
Demain je verrai votre mère.
JOSÉ
Tu la verras! Eh bien tu lui diras:
Que son fils l'aime et la vénère,
Et qu'il se repent aujourd'hui.
Il veut que là-bas sa mère
Soit contente de lui!
Tout cela, n'est-ce pas? mignonne,
De ma part, tu le lui diras;
Et ce baiser que je te donne,
De ma part tu le lui rendras.
Il l'embrasse.
MICAËLA
Oui, je vous le promets
De la part de son fils
José, je le rendrai
Comme je l'ai promis.
JOSÉ
Ma mère, je la vois! etc.
MICAËLA
Sa mère, il la revoit! etc.
Dialogue parlé
JOSÉ
Attends un peu maintenant ... je vais lire sa lettre…
MICAËLA
je reviendrai, je reviendrai ...
JOSÉ
Oui, ma mère, J'épouserai Mïcaëla…
No 8 - Choeur
ZUNIGA
Que se passe-t-il donc là-bas?
CHŒUR DES CIGARIÈRES
Au secours! N'entendez-vous pas?
Au secours, messieurs les soldats!
PREMIER GROUPE DE FEMMES
C'est la Carmencita.
DEUXIÈME GROUPE DE FEMMES
Non, non, ce n'est pas elle.
PREMIER GROUPE
C'est la Carmencita.
DEUXIÈME GROUPE
Non, non, ce n'est pas elle! Pas du tout!
PREMIER GROUPE
C'est elle! Si fait, si fait c'est elle!
Elle a porté les premiers coups.
TOUTES LES FEMMES
entourant le lieutenant
Ne les écoutez pas, monsieur, écoutez-nous,
Ecoutez-nous, monsieur, écoutez-nous!
PREMIER GROUPE
elles tirent l'officier de leur côté
La Manuelita disait
Et répétait à voix haute
Qu'elle achèterait sans faute
Un âne qui lui plaisait.
DEUXIÈME GROUPE
même jeu
Alors la Carmencita
Railleuse à son ordinaire,
Dit: Un âne, pour quoi faire?
Un balai te suffira.
PREMIER GROUPE
Manuelita riposta
Et dit à sa camarade:
Pour certaine promenade
Mon âne te servira.
DEUXIÈME GROUPE
Et ce jour-là tu pourras
A bon droit faire la fière;
Deux laquais suivront derrière
T'émouchant à tour de bras.
TOUTES LES FEMMES
Là-dessus toutes les deux
Se sont prises aux cheveux.
ZUNIGA
Au diable tout ce bavardage.
à Don José
Prenez, José, deux hommes avec vous
Et voyez là-dedans qui cause ce tapage.
PREMIER GROUPE
C'est la Carmencita!
DEUXIÈME GROUPE
Non, non ce n'est pas elle!
PREMIER GROUPE
Si fait, si fait c'est elle!
DEUXIÈME GROUPE
Pas du tout!
PREMIER GROUPE
Elle a porté les premiers coups!
ZUNIGA
Holà!
Eloignez-moi toutes ces femmes-là.
TOUTES LES FEMMES
Monsieur!
Monsieur!
Ne les écoutez pas! Monsieur, écoutez nous!
PREMIER GROUPE
C'est la Carmencita qui porta les premiers coups!
DEUXIÈME GROUPE
C'est la Manuelita qui porta les premiers coups!
PREMIER GROUPE
La Carmencita!
DEUXIÈME GROUPE
La Manuelita!
PREMIER GROUPE
Si! Si! Si! Si!
Elle a porté les premiers coups!
C'est la Carmencita!
DEUXIÈME GROUPE
Non! Non! Non! Non!
Elle a porté les premiers coups!
C'est la Manuelita!
Dialogue parlé
ZUNIGA
Voyons, brigadier
JOSÉ
en deux coups de couteau ... en face de la blessée j'ai vu ...
ZUNIGA
...
JOSÉ
...
ZUNIGA
à Carmen
Avez-vous quelque chose à répondre? ...
Parlez, j'attends…
No 9 - Chanson et mélodrame
CARMEN
Tra la la la la la la la
Coupe-moi, brûle-moi,
Je ne te dirai rien,
Tra la la la la la la la
Je brave tout, le feu, le fer
Et le ciel même.
ZUNIGA
Ce ne sont pas des chansons que je te demande, c'est une réponse.
CARMEN
Tra la la la la la la la
Mon secret je le garde et je le garde bien:
Tra la la la la la la la
J'en aime un autre et meurs en disant que je l'aime.
ZUNIGA
Ah! Ah! Nous le prenons sur ce ton-là ...
à José
Ce qui est sûr, n'est-ce pas, c'est qu'il y eut des coups de couteau, et que c'est elle qui les a donnés .
ZUNIGA
à Carmen
Eh! Eh! Vous avez la main leste décidément.
aux soldats
Trouvez-moi une corde.
ZUNIGA
à Don José
Prenez et attachez-moi ces deux jolies mains.
C'est dommage vraiment, car elle est gentille ... Mais si gentille que vous soyez, vous n'en irez pas moins faire un tour en prison. Vous pourrez y chanter vos chansons de bohémienne.
Je vais écrire l'ordre.
Dialogue parlé
CARMEN
Où me conduirez-vous?...
JOSÉ
À la prison ...
CARMEN
bas
Laisse-moi m'échapper
JOSÉ
avec colère
Ne me parle plus, tu entends, je te défends de me parler…
CARMEN
C'est très bien, seigneur officier, c'est très bien. Vous me défendez de parler, je ne parlerai plus .
No 10 - Séguedille et duo
CARMEN
Près des remparts de Séville,
Chez mon ami Lillas Pastia,
J'irai danser la séguedille
Et boire du Manzanilla!
J'irai chez mon ami Lillas Pastia.
Oui, mais toute seule on s'ennuie,
Et les vrais plaisirs sont à deux .
Donc pour me tenir compagnie,
J'emmènerai mon amoureux
Mon amoureux! ... Il est au diable
Je l'ai mis à la porte hier .
Mon pauvre coeur très consolable,
Mon coeur est libre comme l'air .
J'ai des galants à la douzaine,
Mais ils ne sont pas à mon gré;
Voici la fin de la semaine,
Qui veut m'aimer je l'aimerai.
Qui veut mon âme ... elle est à prendre .
Vous arrivez au bon moment,
Je n'ai guère le temps d'attendre,
Car avec mon nouvel amant
Près des remparts de Séville.
Chez mon ami Lillas Pastia,
J'irai danser la séguedille
Et boire du Manzanilla.
Oui, j'irai chez mon ami
Lillas Pastia!
JOSÉ
Tais-toi, je t'avais dit de ne pas me parler.
CARMEN
Je ne te parle pas ... je chante pour moi-même,
Et je pense ... il n'est pas défendu de penser,
Je pense à certain officier qui m'aime,
Et qu'à mon tour, oui qu'à mon tour
Je pourrais bien aimer!
JOSÉ
Carmen!
CARMEN
Mon officier n'est pas un capitaine,
Pas même un lieutenant,
Il n'est que brigadier.
Mais c'est assez pour une bohémienne,
Et je daigne m'en contenter!
JOSÉ
déliant la corde qui attache
les mains de Carmen
Carmen, je suis comme un homme ivre,
Si je cède, si je me livre,
Ta promesse, tu la tiendras .
Ah! Si je t'aime, Carmen,
Carmen tu m'aimeras .
CARMEN
Oui…
JOSÉ
Chez Lillas Pastia.
CARMEN
Nous danserons la séguedille
En buvant du manzanilla.
JOSÉ
Tu le promets!
Carmen! Tu le promets!
CARMEN
Ah! Près des remparts de Séville
Chez mon ami Lillas Pastia,
Nous danserons la séguedille
Et boirons du Manzanilla.
Tra la la la la la la la la la la!
No 11 - Final
ZUNIGA
Voici l'ordre, partez et faites bonne garde…
CARMEN
bas, à José
En chemin je te pousserai, je te pousserai
Aussi fort que je le pourrai
Laisse-toi renverser ... le reste me regarde!
CARMEN
L'amour est enfant de Bohème,
Il n'a jamais connu de loi;
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime,
Si je t'aime, prends garde à toi.