ACTE QUATRIEME
(La chambre à coucher de la princesse; trois grandes portes dans le fond, qui, quand elles s'ouvrent, laissent voir de longues galeries. La princesse est assise devant sa toilette. Ses femmes la déshabillent, et distribuent aux six jeunes filles qui ont été mariées le matin, son voile, sa couronne de mariée et ses autres ajustements de noce)
Scène Première
(Isabelle, Alice, dames et jeunes filles, le Maitre des cérémonies, toute la cour, pages portant des présents)
▼CHOEUR▲
Frappez les airs, cris d'allégresse,
Cris de victoire et chants d'amour!
Par nos accents, par notre ivresse,
Célébrons tous un si beau jour.
▼LE MAITRE DES CÉRÉMONIES▲
Je viens vous présenter,
noble et belle princesse,
Au nom du jeune époux
Qui ce soir doit s'unir à vous,
Ces présents précieux,
gages de sa tendresse.
▼CHOEUR▲
Frappez les airs, cris d'allégresse,
Cris de victoire et chants d'amour!
Par nos accents, par notre ivresse,
Célébrons tous un si beau jour.
▼LE MAITRE DES CÉRÉMONIES▲
Nobles et chevaliers, venez, retirons-nous.
(Tout le monde sort. En ce moment Robert paraît sur la galerie du fond avec le rameau de cyprès; aussitôt tous les personnages, frappés de stupeur, restent immobiles dans la position où ils se trouvaient; la princesse tombe sur les degrés qui conduisent à son lit. Robert entre dans l'appartement; les portes se referment derrière lui d'elles-mêmes)
Scène Deuxième
(Isabelle, Robert)
Finale
▼ROBERT▲
Du magique rameau qui s'abaisse sur eux
L'invincible pouvoir vient de fermer leurs yeux;
Ta voix, fière beauté,
ne peut être entendue.
De ces lieux où me guide un ascendant fatal,
Dussé-je te ravir,
menaçante, éperdue,
Tu me suivras loin d'un rival.
Mais non, tu vas céder!…
Approchons… qu'elle est belle!
Ce paisible sommeil, le calme de ses sens…
Prête un charme plus doux à ses traits innocents.
Hâtons-nous, il le faut…
Isabelle!… Isabelle!
Pour toi je romps le charme où sont plongés leurs sens.
▼ISABELLE▲
(s'éveillant)
Où suis-je? et quelle voix m'appelle?
Quel sommeil effrayant avait fermé mes yeux?
Que vois-je? est-ce une erreur nouvelle?
Quoi! Robert en ces lieux!
Duo
▼ISABELLE▲
Mon Dieu! toi qui vois mes alarmes,
De ton secours daigne m'aider.
▼ROBERT▲
Voilà donc ces attraits, ces charmes
Qu'un rival devait posséder!
Je sens une joie infernale
A voir son trouble et son effroi.
▼ISABELLE▲
Quels regards il jette sur moi!
(à Robert)
Une puissance et magique et fatale
Vous a fait de l'honneur oublier le serment.
▼ROBERT▲
Eh bien! oui… oui…
l'enfer, qui me sert et m'entend,
Va me venger d'un rival que j'abhorre.
▼ISABELLE▲
C'est ce matin en combattant
Qu'avec honneur vous le pouviez encore.
Ensemble
▼ISABELLE▲
Dieu tout-puissant, ne m'abandonne pas,
Au désespoir je crains de le réduire.
Tout, dans ces lieux, reconnaît son empire;
Toi seul, grand Dieu! peux enchaîner son bras.
▼ROBERT▲
Crains ma fureur, ne me repousse pas;
Au désespoir tremble de me réduire.
Tout, dans ces lieux, reconnaît mon empire,
Et rien ne peut t'arracher de mes bras.
▼ISABELLE▲
Fuyez, retirez-vous, votre espérance est vaine,
▼ROBERT▲
Je cède au transport qui m'entraîne.
Isabelle, tu m'appartiens!
▼ISABELLE▲
Robert!…
▼ROBERT▲
Aucun pouvoir ne peut briser ta chaîne,
Ne me résiste plus!
▼ISABELLE▲
Ah! laisse-moi.
▼ROBERT▲
Non, viens.
▼ISABELLE▲
Arrête!
Cavatine
Robert, toi que j'aime
Et qui reçus ma foi,
Tu vois mon effroi:
Grâce pour toi-même,
Et grâce pour moi!
Quoi! ton coeur se dégage
Des serments les plus doux?
Tu me rendis hommage,
Je suis à tes genoux.
Robert, toi que j'aime,
Et qui reçus ma foi,
Tu vois mon effroi:
Grâce pour toi-même, et grâce pour moi!
▼ROBERT▲
Pour résister je fais de vains efforts.
▼ISABELLE▲
Cesse de vains efforts.
▼ROBERT▲
Mon cœur s'émeut à cette voix touchante.
▼ISABELLE▲
Entends ma voix tremblante.
▼ROBERT▲
Non, je ne puis maîtriser mes transports.
▼ISABELLE▲
Maîtrise ces transports.
▼ROBERT▲
Ah! sauvons-la de ma propre furie.
▼ISABELLE▲
Robert, je te supplie!
▼ROBERT▲
Dans un moment tu vas m'être ravie;
En te perdant, je vais perdre le jour.
Tu ne veux plus de mon amour,
Cruelle! eh bien! prends donc ma vie.
▼ISABELLE▲
Que me dis-tu?
▼ROBERT▲
Tel est mon sort.
▼ISABELLE▲
Quoi! plus d'espoir?
▼ROBERT▲
Un seul me reste.
▼ISABELLE▲
Sauve tes jours.
▼ROBERT▲
Je les déteste.
▼ISABELLE▲
Fuis, tu le peux!
▼ROBERT▲
Plutôt la mort.
(Se jetant à genoux)
Dussé-je périr sous leurs coups,
Isabelle, j'attends mon sort à tes genoux.
(Il brise le rameau. Les portes s'ouvrent et on aperçoit dans la galerie les personnages de la scène précédente, qui rentrent)
▼LE CHOEUR▲
(s'éveillant et s'animant par degrés)
Quelle aventure!… Est-ce un prestige?
Quelle langueur nous glaçait tous?
Sommeil étrange!… où sommes-nous?
Mon cœur se trouble à ce prodige,
Et ma raison vraiment s'y perd.
Que vois-je! O ciel!… Robert! Robert!
Ensemble
▼CHOEUR▲
Arrêtons, saisissons ce guerrier téméraire;
C'est en vain qu'il voudrait s'échapper de nos bras.
Au destin qui l'attend rien ne peut le soustraire,
Et le jour doit demain éclairer son trépas.
▼ROBERT▲
Approchez, je me ris d'une vaine colère,
Dût la foudre en éclats me frapper à vos yeux,
Mon cœur ne connaît pas une crainte vulgaire.
Il défie avec joie et la terre et les cieux.
▼ISABELLE▲
C'est pour moi qu'en ces lieux il brave leur colère,
Hélas! et je ne peux l'arracher de leurs bras!
Au destin qui l'attend rien ne peut le soustraire,
Et le jour doit demain éclairer son trépas.
▼ALICE▲
C'en est fait, vainement il brave leur colère;
Rien, hélas! ne pourrait l'arracher de leurs bras.
Au destin qui l'attend rien ne peut le soustraire,
Et le jour va demain éclairer son trépas.
(Les hommes d'armes se précipitent sur Robert et l'entraînent, tandis qu'Isabelle retombe évanouie sur son lit de repos. Les femmes s'empressent autour d'elle; Alice, à genoux et soutenue par Raimbaut, semble encore prier pour Robert)
ACTE QUATRIEME
(La chambre à coucher de la princesse; trois grandes portes dans le fond, qui, quand elles s'ouvrent, laissent voir de longues galeries. La princesse est assise devant sa toilette. Ses femmes la déshabillent, et distribuent aux six jeunes filles qui ont été mariées le matin, son voile, sa couronne de mariée et ses autres ajustements de noce)
Scène Première
(Isabelle, Alice, dames et jeunes filles, le Maitre des cérémonies, toute la cour, pages portant des présents)
CHOEUR
Frappez les airs, cris d'allégresse,
Cris de victoire et chants d'amour!
Par nos accents, par notre ivresse,
Célébrons tous un si beau jour.
LE MAITRE DES CÉRÉMONIES
Je viens vous présenter,
noble et belle princesse,
Au nom du jeune époux
Qui ce soir doit s'unir à vous,
Ces présents précieux,
gages de sa tendresse.
CHOEUR
Frappez les airs, cris d'allégresse,
Cris de victoire et chants d'amour!
Par nos accents, par notre ivresse,
Célébrons tous un si beau jour.
LE MAITRE DES CÉRÉMONIES
Nobles et chevaliers, venez, retirons-nous.
(Tout le monde sort. En ce moment Robert paraît sur la galerie du fond avec le rameau de cyprès; aussitôt tous les personnages, frappés de stupeur, restent immobiles dans la position où ils se trouvaient; la princesse tombe sur les degrés qui conduisent à son lit. Robert entre dans l'appartement; les portes se referment derrière lui d'elles-mêmes)
Scène Deuxième
(Isabelle, Robert)
Finale
ROBERT
Du magique rameau qui s'abaisse sur eux
L'invincible pouvoir vient de fermer leurs yeux;
Ta voix, fière beauté,
ne peut être entendue.
De ces lieux où me guide un ascendant fatal,
Dussé-je te ravir,
menaçante, éperdue,
Tu me suivras loin d'un rival.
Mais non, tu vas céder!…
Approchons… qu'elle est belle!
Ce paisible sommeil, le calme de ses sens…
Prête un charme plus doux à ses traits innocents.
Hâtons-nous, il le faut…
Isabelle!… Isabelle!
Pour toi je romps le charme où sont plongés leurs sens.
ISABELLE
(s'éveillant)
Où suis-je? et quelle voix m'appelle?
Quel sommeil effrayant avait fermé mes yeux?
Que vois-je? est-ce une erreur nouvelle?
Quoi! Robert en ces lieux!
Duo
ISABELLE
Mon Dieu! toi qui vois mes alarmes,
De ton secours daigne m'aider.
ROBERT
Voilà donc ces attraits, ces charmes
Qu'un rival devait posséder!
Je sens une joie infernale
A voir son trouble et son effroi.
ISABELLE
Quels regards il jette sur moi!
(à Robert)
Une puissance et magique et fatale
Vous a fait de l'honneur oublier le serment.
ROBERT
Eh bien! oui… oui…
l'enfer, qui me sert et m'entend,
Va me venger d'un rival que j'abhorre.
ISABELLE
C'est ce matin en combattant
Qu'avec honneur vous le pouviez encore.
Ensemble
ISABELLE
Dieu tout-puissant, ne m'abandonne pas,
Au désespoir je crains de le réduire.
Tout, dans ces lieux, reconnaît son empire;
Toi seul, grand Dieu! peux enchaîner son bras.
ROBERT
Crains ma fureur, ne me repousse pas;
Au désespoir tremble de me réduire.
Tout, dans ces lieux, reconnaît mon empire,
Et rien ne peut t'arracher de mes bras.
ISABELLE
Fuyez, retirez-vous, votre espérance est vaine,
ROBERT
Je cède au transport qui m'entraîne.
Isabelle, tu m'appartiens!
ISABELLE
Robert!…
ROBERT
Aucun pouvoir ne peut briser ta chaîne,
Ne me résiste plus!
ISABELLE
Ah! laisse-moi.
ROBERT
Non, viens.
ISABELLE
Arrête!
Cavatine
Robert, toi que j'aime
Et qui reçus ma foi,
Tu vois mon effroi:
Grâce pour toi-même,
Et grâce pour moi!
Quoi! ton coeur se dégage
Des serments les plus doux?
Tu me rendis hommage,
Je suis à tes genoux.
Robert, toi que j'aime,
Et qui reçus ma foi,
Tu vois mon effroi:
Grâce pour toi-même, et grâce pour moi!
ROBERT
Pour résister je fais de vains efforts.
ISABELLE
Cesse de vains efforts.
ROBERT
Mon cœur s'émeut à cette voix touchante.
ISABELLE
Entends ma voix tremblante.
ROBERT
Non, je ne puis maîtriser mes transports.
ISABELLE
Maîtrise ces transports.
ROBERT
Ah! sauvons-la de ma propre furie.
ISABELLE
Robert, je te supplie!
ROBERT
Dans un moment tu vas m'être ravie;
En te perdant, je vais perdre le jour.
Tu ne veux plus de mon amour,
Cruelle! eh bien! prends donc ma vie.
ISABELLE
Que me dis-tu?
ROBERT
Tel est mon sort.
ISABELLE
Quoi! plus d'espoir?
ROBERT
Un seul me reste.
ISABELLE
Sauve tes jours.
ROBERT
Je les déteste.
ISABELLE
Fuis, tu le peux!
ROBERT
Plutôt la mort.
(Se jetant à genoux)
Dussé-je périr sous leurs coups,
Isabelle, j'attends mon sort à tes genoux.
(Il brise le rameau. Les portes s'ouvrent et on aperçoit dans la galerie les personnages de la scène précédente, qui rentrent)
LE CHOEUR
(s'éveillant et s'animant par degrés)
Quelle aventure!… Est-ce un prestige?
Quelle langueur nous glaçait tous?
Sommeil étrange!… où sommes-nous?
Mon cœur se trouble à ce prodige,
Et ma raison vraiment s'y perd.
Que vois-je! O ciel!… Robert! Robert!
Ensemble
CHOEUR
Arrêtons, saisissons ce guerrier téméraire;
C'est en vain qu'il voudrait s'échapper de nos bras.
Au destin qui l'attend rien ne peut le soustraire,
Et le jour doit demain éclairer son trépas.
ROBERT
Approchez, je me ris d'une vaine colère,
Dût la foudre en éclats me frapper à vos yeux,
Mon cœur ne connaît pas une crainte vulgaire.
Il défie avec joie et la terre et les cieux.
ISABELLE
C'est pour moi qu'en ces lieux il brave leur colère,
Hélas! et je ne peux l'arracher de leurs bras!
Au destin qui l'attend rien ne peut le soustraire,
Et le jour doit demain éclairer son trépas.
ALICE
C'en est fait, vainement il brave leur colère;
Rien, hélas! ne pourrait l'arracher de leurs bras.
Au destin qui l'attend rien ne peut le soustraire,
Et le jour va demain éclairer son trépas.
(Les hommes d'armes se précipitent sur Robert et l'entraînent, tandis qu'Isabelle retombe évanouie sur son lit de repos. Les femmes s'empressent autour d'elle; Alice, à genoux et soutenue par Raimbaut, semble encore prier pour Robert)