PREMIÈRE PARTIE
SCÈNE I
Plaines de Hongrie
FAUST
seul dans les champs au lever du soleil
Le vieil hiver a fait place au printemps;
La nature s’est rajeunie;
Des cieux la coupole infinie
Laisse pleuvoir mille feux éclatants.
Je sens glisser dans l’air la brise matinale;
De ma poitrine ardente un souffle pur s’exhale.
J’entends autour de moi le réveil des oiseaux,
Le long bruissement des plantes et des eaux.
Oh! qu’il est doux de vivre au fond des solitudes,
Loin de la lutte humaine et loin des multitudes!
SCÈNE II
Ronde des paysans
CHŒUR
Les bergers laissent leurs troupeaux;
Pour la fête ils se rendent beaux;
Fleurs des champs et rubans sont leur parure;
Sous les tilleuls, les voilà tous,
Dansant, sautant comme des fous.
Ha! ha! ha! ha! Landerira!
Suivez donc la mesure!
Ha! ha! ha! ha! Landerira!
Tra la la la la la la la! Ha! ha!
FAUST
Quels sont ces cris? quel est ce bruit lointain?
CHŒUR
Tra la la la la la la la! Ha! ha!
FAUST
Ce sont des villageois, au lever du matin,
Qui dansent en chantant sur la verte pelouse.
De leurs plaisirs ma misère est jalouse.
CHŒUR
Ils passaient tous comme l’éclair,
Et les robes volaient en l’air;
Mais bientôt on fut moins agile:
Le rouge leur montait au front;
Et l’un sur l’autre dans le rond.
Ha! ha! ha! ha! Landerira!
Tous tombaient à la file.
Ha! ha! ha! ha! Landerira!
"Ne me touchez donc pas ainsi!"
à demi-voix
"– Paix! ma femme n’est point ici!
Profitons de la circonstance!"
Dehors il l’emmena soudain,
Et tout pourtant allait son train.
Ha! ha! ha! ha! Landerira!
La musique et la danse.
Ha! ha! ha! ha! Landerira!
Tra la la la la la la la! Ha! ha!
SCÈNE III
Une autre partie de la plaine. Une armée qui s’avance
FAUST
Mais d’un éclat guerrier les campagnes se parent.
Ah! les fils du Danube aux combats se préparent!
Avec quel air fier et joyeux
Ils portent leur armure! et quel feu dans leurs yeux!
Tout cœur frémit à leur chant de victoire;
Le mien seul reste froid, insensible à la gloire.
Marche hongroise
Les troupes passent. Faust s’éloigne